Le poulet a la cote : évolution de la consommation de viande en France

L’évolution de la consommation de viande en France se dessine avec une nette tendance : moins de bœuf, plus de poulet. C’est un constat qui prend de l’ampleur depuis une décennie, marquant ainsi une stagnation dans les habitudes alimentaires des Français, et potentiellement un frein à la réalisation des objectifs climatiques du pays.

 

Un rapport récent intitulé « Comment concilier nutrition et climat ? », publié conjointement par le Réseau Action Climat, une fédération d’associations engagées dans la lutte contre le changement climatique, et la Société française de nutrition, souligne qu’une réduction drastique de moitié de la consommation de viande est nécessaire pour que la France puisse atteindre ses objectifs climatiques. En effet, l’alimentation représente une part significative, soit 22 %, de l’empreinte carbone nationale. Une donnée qui met en lumière le rôle crucial de l’alimentation dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’élevage à lui seul contribuant pour 46 mégatonnes d’équivalent CO2. Il serait certainement judicieux de promouvoir la qualité plutôt que la quantité et de mettre à l’honneur les artisans bouchers ainsi que les éleveurs qui ont des pratiques respectueuses et engagées.

 

La consommation de viande en France en chiffres

 

Malgré ces enjeux, les chiffres témoignent d’une autre réalité. La consommation totale de viande en France continue son ascension depuis les années 2000, stimulée principalement par la croissance démographique. En 2000, elle se situait à 5 290 milliers de tonnes équivalent-carcasse (TEC), tandis qu’en 2023, ce chiffre a grimpé à 5 672 milliers de tonnes, soit une hausse d’environ 7 %.

 

Cependant, si l’on examine la consommation par habitant, une certaine stabilité se dessine depuis 2000, oscillant autour de 84 kilogrammes équivalent-carcasse (kgec) depuis 2010. Une légère baisse a même été observée en 2023, marquant un retour en dessous de la barre des 84 kgec. Cette stabilité masque cependant des changements dans les habitudes de consommation, avec un ralentissement de la consommation de viande à domicile compensé par une augmentation en dehors du domicile, notamment dans les restaurants, une tendance accentuée par la reprise après la crise du Covid-19.

 

Identifier les causes de ces changements de comportement s’avère complexe. Est-ce une prise de conscience écologique ou des changements démographiques et urbains qui en sont responsables ? Des facteurs tels que l’inflation et les préoccupations concernant le bien-être animal sont également évoqués. Les enquêtes sociologiques indiquent même que la santé, en particulier chez les plus de 50 ans, est un moteur majeur de réduction de la consommation de viande.

 

Par ailleurs, si les quantités consommées par personne restent relativement stables, les préférences évoluent. La viande bovine voit sa consommation diminuer au profit de la volaille, une tendance perçue comme positive en termes d’émissions de gaz à effet de serre, bien que les émissions de ce type de production demeurent plus élevées que celles des protéines végétales. De plus, la question climatique doit être abordée dans sa globalité, prenant en compte notamment l’utilisation des terres agricoles pour l’élevage, ainsi que la déforestation liée à la culture du soja, principalement utilisé dans l’alimentation des volailles.